Je suis une personne aux multiples vies, avec un parcours atypique qui m’a menée là où je suis aujourd’hui. Mon histoire est marquée par l’audace, la curiosité et la persévérance.
Dès l’enfance, mon rapport aux apprentissages était particulier : pas mauvaise élève, mais peu impliquée. Pourtant, j’étais avide d’expériences, de découvertes et d’autonomie. À 8 ans, j’ai quitté la région bordelaise où je suis née, mettant ma famille et mes amis à plus de 600 km de moi. Ma grand-mère maternelle, à qui j’étais très attachée, faisait de nombreux allers-retours pour soutenir ma mère et passer du temps avec nous. C’est elle qui m’a transmis le goût de la découverte et de l’ouverture aux autres. Avec elle, j’ai voyagé jusqu’en Inde du Sud, où elle séjournait plusieurs mois par an.
J’ai déménagé une dizaine de fois entre ma naissance et mes 14 ans. L’école ne me correspondait pas, et je peinais à m’y sentir à ma place. À 15 ans, lorsque mes parents se sont séparés, j’ai réussi à les convaincre de me laisser suivre des études de coiffure. Pendant trois ans, j’ai enfin trouvé un apprentissage qui m’animait et savouré mon autonomie grandissante. Une fois mon CAP en poche, j’ai travaillé dans plusieurs salons, mais l’ambiance ne me convenait pas. Je voulais partir, voyager.
En mars 1989, à 20 ans, une opportunité s’est présentée : gérer un salon de coiffure à Bouaké, en Côte d’Ivoire. Ce fut ma première expérience d’indépendance totale. Le début fut prometteur, mais des choix mal avisés m’ont conduite à rentrer en France fin 1990.
S’ensuivirent deux années de quête personnelle avant d’intégrer une entreprise familiale de joaillerie en tant que vendeuse. J’y suis restée sept ans, évoluant vers des postes de responsabilité en gestion et en informatique. L’entreprise grandissait, et je me formais en permanence. Pourtant, plus j’évoluais, plus je me sentais enfermée.
En 2001, j’ai tout quitté pour plonger dans le monde du spectacle vivant.
J’ai intégré une compagnie de théâtre de rue et obtenu, un an plus tard, le statut d’intermittente du spectacle. Je me suis passionnée pour l’organisation, la gestion et la programmation. J’ai participé à la création de festivals et travaillé comme régisseuse de tournée, notamment avec Julie Ferrier et sur une comédie musicale de Stéphane Laporte. Entre deux contrats, je partais à Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso, où je me suis formée à la sculpture du bronze.
En 2006, j’ai vécu une expérience marquante : une colocation entre adultes avec enfants. Pendant trois ans, j’ai été une "maman adjointe" impliquée, une période qui a profondément nourri ma réflexion sur la parentalité.
En 2009, un ailleurs m’appelait. Avec quelques économies, j’ai déménagé à Bobo-Dioulasso. J’ai sculpté, soutenu une association de femmes artisanes et organisé des expositions et des défilés de mode. La coiffure à domicile assurait mes revenus. J’animais aussi des ateliers de sculpture pour enfants, où créativité, motricité fine, entraide et confiance en soi étaient au cœur de mon approche.
Cette immersion dans la création et l’accompagnement m’a menée vers un nouvel engagement : le soutien éducatif. En parallèle de mes projets artistiques, j’ai pris à cœur d’aider des enfants en difficulté en devenant Accompagnants d'Élèves en Situation de Handicap (AESH) à l’école française.
Cette expérience a renforcé ma sensibilité à l’inclusion et à l’accompagnement personnalisé, tout en nourrissant ma vision d’un monde où chacun peut exprimer son potentiel.
Quand les enfants que j’accompagnais sont partis, j’ai saisi un nouveau défi : ouvrir ma propre boutique. Pendant cinq ans, j’ai dirigé un espace de 60 m² mêlant artisanat féminin du Burkina Faso et galerie d’art. Ce lieu était aussi un espace de rencontres et d’échanges autour de projets culturels.
Parmi les rencontres marquantes de ces années, il y avait Nouri. Je la connaissais depuis ses 4 ans : sa mère, une femme aux multiples vies, était une amie proche. Au fil du temps, notre relation a évolué, jusqu’à prendre une place essentielle dans ma vie. Nouri venait régulièrement passer les vacances à la maison. Puis ses séjours se sont allongés, jusqu’à devenir une évidence. Après son BEPC, avec l’accord et la bénédiction de sa mère, elle est venue s’installer chez nous pour poursuivre ses études dans de meilleures conditions. Elle est devenue ma fille de cœur.
En 2016, la naissance de ma 2ème fille, Amália, a encore renforcé ces liens.
Notre famille multiculturelle, issue de trois continents, est un mélange de traditions et d’histoires. Chez nous plusieurs langues se croisent au quotidien, reflétant la richesse de nos parcours et de nos racines.
En 2019, notre famille composée a vécu un nouveau tournant en s’installant au Bénin. Nouri a entamé des études de génie civil avant de partir les continuer au Canada en 2023. Son départ a été une véritable épreuve pour moi, remplie de craintes et de questionnements. J’ai alors cherché un accompagnement pour mieux comprendre mes émotions et soutenir ma fille au mieux dans cette transition.
Amália, après deux ans en école Montessori, a intégré une école anglophone. Ne parlant pas anglais, elle a traversé une période d’adaptation avant de retrouver sa joie d’apprendre. De mon côté, j’ai cédé ma boutique au Burkina Faso et repris l’événementiel à Cotonou, mettant mes compétences au service du spectacle vivant.
À travers toutes ces expériences, une constante se dessinait : mon envie de comprendre l’humain, de créer du lien et de transmettre. Encourager le changement et l’évolution faisait partie de moi, jusqu’au jour où une amie m’a posé une question simple : "Doutes-tu encore de cette capacité ?" Ce fut un déclic.
Je me suis formée au coaching, j’ai lu, assisté à des conférences et des ateliers, et me suis fait accompagner pour affiner mes compétences. Fin 2023, j’ai intégré l’équipe pédagogique d’une école d’enseignement supérieur comme coach en développement personnel pour les étudiants.
Début 2024, portée par ma persévérance et mon audace, j’ai lancé la première édition du sommet en ligne sur la parentalité Odyssée Familiale. À chaque édition, j’ai eu la chance d’être soutenue par des passionnées, tant moralement que techniquement.
À chaque étape de ma vie, l’accompagnement des autres a pris une place essentielle.
Mon rôle auprès de Nouri, mon vécu en colocation avec des enfants, mon travail d’AESH et mes ateliers artistiques m’ont sensibilisée à l’importance de l’éducation et du soutien individualisé. Ces expériences ont nourri ma réflexion sur la transmission, l’écoute et le rôle des adultes dans l’épanouissement des plus jeunes.
C’est en vivant la complexité de la parentalité que j’ai pris pleinement conscience du besoin d’échanger et de s’entourer. De là est née l’envie de créer un espace où les parents, quel que soit leur parcours, pourraient se nourrir d’expériences et d’expertises pour avancer avec confiance et des outils concrets : Odyssée Familiale.
Odyssée Familiale n’est pas seulement un projet, mais l’aboutissement de mon besoin de relier, transmettre et soutenir.
Cynthia Bonnet
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